Lors de votre séjour à la montagne vous aurez peut-être l'occasion de croiser sur les pistes de ski les pisteurs secouristes, accompagnés de leur chien d'avalanche. Ces binômes, qui sont habilités à agir en cas d'avalanche, sauvent des vies. Mais avant que cela ne soit possible, les chiens doivent être testés, formés et entraînés. C'est le cas lors des entraînements départementaux chez les brigades cynophiles, qui ont lieu plusieurs fois par an, et qui permettent de sélectionner les binômes et les chiens qui seront opérationnels durant l'hiver. Nous avons suivi ces entraînements le temps d'une journée. Nous allons donc vous présenter les fondamentaux de cette activité, les différentes étapes du dressage des chiens d'avalanche, et les races privilégiées pour cela.
Un chien d'utilité dressé pour sauver des vies
Lors de la pratique du ski sur piste, tout est mis en œuvre par la station de ski pour glisser en toute sécurité. Mais si l'on quitte la neige damée, la montagne d'apparence si tranquille peut se révéler dangereuse, voire meurtrière. Le risque d'avalanche n'est jamais nul, et c'est pourquoi on forme des chiens d'avalanche pour venir au secours des victimes prises au piège des coulées de neige. Dans le cadre d'un entraînement départemental du secteur de la Haute Tarentaise, toutes les brigades cynophiles sont réunies sur deux jours et vont s'adonner à différents exercices pour tester leur habileté à sauver des vies humaines en montagne.
Pour les organisateurs de l'évènement à Val d'Hysère, il s'agit d'évaluer les équipes déjà diplômées et apprécier le devenir des jeunes chiens en cours de formation. Donc chacun a une fonction bien précise, mais elle est complémentaire. Le chien doit pouvoir signaler une odeur qui émane en surface du manteau neigeux d'une façon précise à son conducteur, et son conducteur a pour simple rôle de l'aiguiller sur des zones préférentielles.
Les races de chien d'avalanche
Depuis 40 ans les races de chiens qui conviennent le mieux au secours en montagne ont été sélectionnées. Il s'agit de lignées de travail sélectionnées depuis plusieurs générations, avec de grandes performances olfactives car les chiens sont capables de détecter 500 000 odeurs différentes quand l'humain est capable d'en détecter uniquement 4000. On retrouve en tête de liste le berger allemand, race très utilisée pour la recherche en avalanche et plus généralement pour toutes les tâches olfactives, car ce sont des chiens de travail très obéissants. Mais également des bergers belges (malinois), des retrievers, des labradors, et aussi les border collies qui ont beaucoup de pugnacité et d'engagement dans les recherches, une qualité que l'on retrouve chez tous les chiens d'avalanche.
Ces chiens d'utilité doivent pouvoir se déplacer assez rapidement, ne doivent pas être trop lourd pour pouvoir être transportés, et il faut qu'ils soient adaptés à travailler avec l'homme et pour l'homme. Les chiens de chasse sont également très doués en la matière. Tout comme pour la chasse sous terre, le chien d'avalanche est formé durant son apprentissage pour être capable de détecter une présence ensevelie, aller gratter et se faufiler dans le trou pour vérifier ou tirer une cible (un animal caché ou une victime humaine) vers l'extérieur, muni ou non d'un collier gps chien.
Un apprentissage progressif et ludique par le jeu
Exercice d'introduction à la neige
En réalité tout commence par le jeu, notamment pour les jeunes chiots. Le but de ce premier exercice est de mettre le chien dans le tempo du travail de recherche, et pour ce faire on utilise l'instinct ludique avec un objet intermédiaire (un petit objet de jeu en corde et tissu à mordre et à tirer), qui est gardé par la personne qui se cache sous la neige, et que le chien a plaisir à retrouver pour pouvoir jouer avec. On commence souvent l'apprentissage tôt chez le chiot, à 3 mois, par le conditionnement en pleine nature et dans la neige, pour la recherche en avalanche. Dans cette découverte de la neige, on va commencer par des exercices très brefs mais où le chien doit prendre beaucoup de plaisir et rester sur quelque chose de positif. C'est durant cette période que l'on évalue les prédispositions du chien pour cette activité.
Mise en situation réelle et grattage
Avant de sauver des vies, il est capital que le chien prenne du plaisir. L'exercice qui suit est réservé aux chiens qui ont plus d'expérience. Il s'agit d'une mise en situation dans des conditions quasi réelles. Le terrain est vaste, plusieurs personnes sont enterrées, et pour rendre la pratique plus difficile, la dameuse rebouche les trous afin de neutraliser les odeurs de surface. C'est un apprentissage olfactif pour le chien où il apprend à mémoriser ce qui va l'intéresser dans son stimulus plus tard, c'est à dire les molécules très légères qui émanent du corps humain, et qui transpercent le manteau neigeux. Le chien va s'élancer et renifler à tout vas, puis va se poser rapidement sur un grattage lorsqu'il a découvert quelque chose, après avoir détecté une odeur. Exercice réussi, la fausse victime a été trouvée et donc sauvée, son maître peut être satisfait !
Le briefing d'équipe en fin de journée
L'opération est désormais terminée, les victimes fictives sont sauvées, il est maintenant temps de faire le débriefing de la journée. C'est le moment où chaque conducteur à droit à une analyse de l'instructeur. Le duo homme-animal est jugé et les conseils fusent. Les critiques sont positives, négatives, en tout cas toujours constructives, car il s'agit de sauver des vies. C'est grâce à ce type d'exercice que les montagnes de la région seront sécurisées et les accidents minimisés, pour profiter au maximum des sports d'hiver et des randonnées.
Chien d'avalanche : un binôme indispensable pour la sécurité en montagne
Vous connaissez désormais l'intérêt de former des chiens d'avalanche, qui n'ont d'ailleurs jamais pu être remplacés par une quelconque machine. Il y a 140 équipes cynotechniques en France, dont une cinquantaine dans le département de la Savoie, au nombre de 3 binômes en moyenne par station de ski. Celles-ci interviennent à chaque saison, et déclenchent par prévention un plan d'intervention d'avalanche à chaque coulée de neige, afin d'arriver sur les lieux très rapidement, et faire prospecter les chiens d'avalanche pour qu'il puissent travailler et s'entraîner. Bien que les brigades cynophiles soient très efficaces pour retrouver les victimes ensevelies, il est nécessaire de rappeler ici qu'il est important d'éviter le hors-piste, pour limiter les risques d'être pris au piège sous une avalanche.